Avant de retrouver Mathilde Kaori en ouverture de la journée du samedi 21 juin au festival des Agités du Mélange, nous vous proposons une immersion dans son univers musical à travers une discussion autour de son album Tissus Parfumés. Le deuxième disque de l'artiste fait la somme de nos sens, pour des voyages dans le temps, la mémoire, les idéaux, et le tout porté par une philosophie forte d'un optimisme inébranlable. Suivons la lauréate du tremplin AdM sur sa trajectoire qui l'amène à être reconnue là où elle se produit.
« Les cieux pourront t'envoyer des signes / Si d'un cœur pur tu sais les écouter » peut-on entendre dans Un grand avenir, la piste qui ouvre Tissus Parfumés. Si Mathilde Kaori croit en la destinée, ça serait celle qu'elle s'écrit, « cette chanson est un message de toi à toi-même », nous explique-t-elle.
Lorsqu'en février 2024 nous avions pour la première consacré un article à Mathilde, son deuxième opus était en chantier, « je serai plus dans le naturel », avait-elle déclaré à l'époque. Dorénavant elle estime être « toujours en train de me chercher, mais j'ai tout de même trouvé plus de confiance » . Alors que sur la pochette du Manège, le rideau s'ouvrait sur un personnage grimé, s'annonçant de face, le visuel de Tissus Parfumés est plus empreint de légèreté, Mathilde est plus sereine et lève les yeux vers un ciel qui s'éclaircit pour elle.
Les 12 pistes de l'album sont porteuses de certaines constantes. Tout d'abord l'amour comme dans Point de Martyr, qui comme dans la langue française choisi son genre qu'il soit masculin au singulier ou féminin au pluriel. Des dialogues qui parlent de séduction ou de loupés, souvent envoyé à une deuxième personne : « des chansons nées de rencontres, même imaginées », comme on peut l'entendre dans Depuis la mer. Un autre trait de caractère accentué par sa plume serait l'optimisme et cette capacité à chercher le beau : « utiliser les peines, c'est un combustible pour le bonheur ». Ainsi cette Vieille de la courée, qui sortirait ses poubelles comme Sisyphe pousserait son rocher en haut de la montagne, l'artiste ne peut s'empêcher de chanter « moi je la plains la pauvre dame ».
Pour chanter doutes et espoirs, envies et regrets, Mathilde a une arme imparable : la poésie, « elle dédramatise ». Elle utilise aussi toute une palette de sens pour passer ses messages, du touché du tissu, à son parfum qui joue avec notre odorat, on savoure aussi ses compositions pour distinguer sa vision. Ainsi lorsque Renaud se souvenait de la saveur des Mistral Gagnant pour parler de son enfance, la chanteuse tente de fixer cette période floue entre l'adolescence et l'âge adulte au goût Menthe, chocolat, coco. Une somme des sens, une quintessence, qui selon elle « marquerait la mémoire ».
« J'ai frôlé les limites », nous dit en toute honnêteté Mathilde quand elle repense à son vécu. C'est pourquoi elle aurait ce titre intitulé Peau nouvelle comme une carte de visite, telle une « tempête calme », où l'artiste retiendrait une leçon : « ne rien lâcher ».
Elle serait aujourd'hui sur une ascension, comme celle du Pic de la Saint Barthélemy, texte qu'elle a emprunté à Louis Lucien Pascal, en gardant cette morale : « la vie de chacun est précieuse ». C'est pour tout cela qu'elle s'octroie une sorte de bilan, Ce qu'il nous restera est un des derniers titres de Tissus Parfumés qu'elle a composé, « une chanson qui m'apporte beaucoup d'émotion quand je suis sur scène ».
Tissus Parfumés n'est pas le bout du chemin, mais l'expression d'une étape pour Mathilde Kaori. Une marche pour la poète, chanteuse, et complice de son duo avec sa guitare classique qui l'aide à Guérir. Elle parcourt les scènes, en solo, duo et même quatuor comme à Fresnes sur Escaut où elle sera accompagnée de Armelle Rebinshung au piano, Anne Bonifas au violoncelle, et Quentin Duvieubourg à la batterie. Une date du 21 juin qui résulte du prix que la chanteuse a reçu lors du tremplin du festival. Une récompense qui fait suite à une série de reconnaissances, comme celle d'avoir été distinguée au Festiv en Marche, et de ce fait avoir pu ouvrir le concert de Jean Guidoni, sous l'œil et l'oreille de Juliette. Un talent à découvrir si ce n'est pas déjà fait lors de la dixième édition des Agités du Mélange.
X.V.
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