Itinéraire de la marionnette avec la Compagnie Zapoï

13/10/2022

Voilà 20 ans que la compagnie Zapoï s'est formée. Une initiative qui a pris forme autour d'un cœur incarné par Stanka Pavlova et Denis Bonnetier, et d'un esprit : celui de sortir la marionnette de ses formes traditionnelles. Itinérance et laboratoire, travail vers les plus petits et notions du langage, autant d'axes qui rendent Zapoï si particulier et surtout si précieux pour le territoire. Alors que le FIM vient de se lancer, et que Ôcyto est prévu dans la programmation du Phénix, Valexplorer vous propose un focus sur cette compagnie à travers des échanges avec ses fondateurs.

Stanka Pavlova et Denis Bonnetier,
Stanka Pavlova et Denis Bonnetier,

La compagnie Zapoï s'est créée comme on plante un décor. C'est un assemblage de compétences qui forment un grand tout, avec au centre la marionnette, sous toutes ses formes. Cet assemblage est personnalisé par ses fondateurs : Stanka Pavlova et Denis Bonnetier. Tous les deux issus de l'École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, c'est là que sont nées leurs premières collaborations. A cette expérience, Denis s'est enrichi d'un cursus à Supinfocom, tradition et modernité allaient alors se rencontrer pour définir leur feuille de route. « On a cherché à mélanger notre pratique avec de nouvelles technologies », Denis confirme cette envie et développe cette idée : « les artistes font partie du monde dans lequel on vit, tout comme les technologies ». Avec ces apports, ils ont tenté de répondre aux questions posées, résumées par Stanka : « qu'est-ce qu'on raconte ? Comment on le dit ? Et vers quel public ? ».  


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Un chantier essentiel allait définir leur méthode, celle de dépoussiérer l'image de la marionnette. Ainsi chez Zapoï on préfère les termes de figure animée et d'objets manipulés comme l'explique Stanka : « dans l'imaginaire lambda la marionnette c'est Guignol ou à fil. C'est surtout un artisanat et une pratique artistique qui touche les gens, comme dans une mise en abîme ». Un propos défendu par Denis : « l'objet sert d'interface, c'est une illusion consentie. C'est le spectateur qui fabrique l'illusion ». Vous l'aurez compris, leur philosophie s'appuie sur un échange et une osmose avec le public, de ce constat ne restait plus qu'un problème à résoudre, celui de la diffusion de leurs créations. 

C'est dans cet esprit qu'a été lancé en 2009 le Festival Itinérant de Marionnettes. Initié suite à la dynamique de Valenciennes 2007, capitale régionale de la culture, le mot d'ordre était selon eux « aller à la rencontre des espaces de l'agglomération ». En somme, Zapoï et son réseau sont allés proposer leur art et une vie culturelle là où elle résonnait que trop peu. Un souvenir qui va dans ce sens est évoqué par Denis : « on a vécu un véritable engouement de la part des municipalités. A Quarouble on nous a fait remarquer que la salle des fêtes n'avait pas reçu de spectacle depuis 1945. Ensuite c'est le public qui a su nous motiver à poursuivre ». Une anecdote qui fait dire à Stanka : « c'était populaire dans le bon sens du terme ».

En 2022, le FIM en est à sa quatorzième édition, 14 comme le nombre de formules proposées sur les 9 villes partenaires, d'Aulnoy-lez-Valenciennes à Vieux-Condé, en passant par Quérénaing ou Prouvy. « Rencontres, énergie, c'est en mouvement permanent », souligne d'une seule voix les deux fondateurs. Plus que jamais le festival fait la jonction entre Zapoï, les compagnies partenaires, les structures et lieux du grand valenciennois, ainsi que le public, et surtout les disciplines et tendances. « On se réinvente tout le temps », commente Stanka, « il y a une demande de création qui se bouscule », ajoute Denis avant de relaisser la parole à sa partenaire : « on a besoin d'être bousculé ».  

« il y a une demande de création qui se bouscule »  Denis Bonnetier

« on a besoin d'être bousculé »  Stanka Pavlova

Le Festival Itinérant de Marionnettes est devenu un tel ensemble qu'il propose désormais selon les termes des organisateurs « des événements à l'intérieur du festival ». Des focus sur les pratiques des danses urbaines nées de la culture hip-hop, jusque des créations pour les tout-petits issus du laboratoire LAPOPE, une métaphore émerge et est accentuée par le joli accent slave de Stanka : Zapoï serait une poupée Russe. Une comparaison qui n'est pas sans déplaire aux représentants de la compagnie, qui exprime la vision d'un ensemble compris dans un tout. « Le grand qui abrite le petit, et le petit qui existe dans le grand », Stanka se laisse aller le sourire aux lèvres au jeu de l'image.

Anaïs Giammichèle et Bérengère Scheppler (Concert pour bébés)
Anaïs Giammichèle et Bérengère Scheppler (Concert pour bébés)

On évoquait plus tôt LAPOPE (Laboratoire Artistique Plateforme Onirique pour la Petite Enfance), une plateforme qui selon son intitulé « vise à développer des expériences artistiques en les inscrivant dans une réflexion globale, qui s'articule avec l'ensemble des secteurs sociaux-culturels dialoguant avec la petite enfance ». Cette initiative née en 2019 est un des chantiers pour lequel Zapoï s'est engagé, produit d'une volonté de réunir ceux qui voudraient lier pratique artistique et développement des enfants. Pour bien comprendre, Denis explique certaines difficultés : « des créatifs voudraient s'adresser aux plus jeunes mais n'ont pas la formation adéquate, et de l'autre côté les spécialistes de l'enfance ne sont pas sensibilisés aux codes du spectacle pour ce public ». Un jeu de ping-pong alliant recherche et communication qui trouve son expression dans la programmation du FIM avec « Art et tout petits » qui se déroulera au conservatoire de Valenciennes du 25 au 27 octobre. Une formule qui comprend notamment des éveils en musique pour les nourrissons de quelques semaines.



La démarche de LAPOPE reflète une réalité qui inquiète les membres de Zapoï. Eux qui sont amateurs de nouvelles technologies n'en font pas l'apologie quand leur utilisation concerne les enfants. « Trouble du langage, repli sur soi-même », Stanka énumère les effets néfastes des écrans sur les jeunes esprits. Tout un travail qui prend forme avec « Art et tout petits » et qui continuera à être développé tant son enjeu est d'actualité, avec des idées telle une crèche artistique.

Enfin, du 5 au 10 décembre se déroulera au Phénix le temps fort intitulé Ôcyto. La scène nationale avait déjà depuis plusieurs années organisé « les loustix en fête », des moments où les jeunes spectateurs étaient considérés comme les grands, avec des créations leur parlant du monde et de ses enjeux. Ôcyto découle de cette démarche comme l'explique Denis : « Romaric Daurier (ndlr : directeur du Phénix) voulait continuer à donner une forte identité à ces instants, il a donc fait appel à Stanka pour son expertise ». Un socle de connaissance allant de la scène à l'universitaire avec comme point commun cette envie de donner de l'amour, d'où le nom du festival qui s'inspire de l'hormone ocytocine. « C'est elle qui crée l'affection, le lien entre les gens, et les parents et les enfants , la joie et l'attachement », un engouement que partage Stanka. Concrètement Ôcyto mélangera spectacles et recherche, notamment sur la question cruciale du langage, abordée dans Zèbres, en résidence de création au Phénix et décrit comme « véritable initiation sensorielle ».

En somme Zapoï c'est du mouvement comme ces objets auxquels on donne vie. Des grands gestes qui en amènent d'autres plus petits, en direction d'un public au bout de l'itinérance. Son nom est emprunté à la langue Slave : Zapoï c'est de l'enivrement, une « exaltation agréable et voluptueuse » selon sa définition en français.

A lire également: notre article sur le Festival Itinérant de Marionnettes

X.V.


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