Turbulentes : l'histoire commune de ZeBatucA et du festival

01/05/2024

Le terme « musique du monde » serait quasiment inventé pour la troupe ZeBatucA. En effet, à travers son fondateur Elliot Amah, les influences africaines viennent s'ajouter aux sonorités d'Amérique du sud, avec une touche chaleureuse des harmonies et fanfares comme on les connaît en Belgique et dans le Nord de la France. Les musiciens et danseurs de l'ensemble reflètent l'envie de Elliot, entre légèreté apparente et rigueur, chaque pas et chaque son est une invitation à la fête. Un esprit « turbulent » en somme, qui ne serait pas ce qu'il est sans cette histoire commune avec le Boulon.

Photo: © Kalimba
Photo: © Kalimba

Samedi 13 avril 2024, Valexplorer était aux côtés du Boulon sur la place d'armes de Valenciennes pour un impromptu en amont aux Turbulentes. Ce jour-là, c'est la troupe ZeBatucA qui était invitée pour un prélude en sons et en couleurs au festival des arts de la rue. Nous avons couvert la prestation à travers la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux, et les chiffres parlent d'eux-mêmes : c'est plus de 21 000 vues et des centaines de likes pour la troupe menée par Elliot Amah, une preuve de leur popularité et de l'attachement que vous leur portez. 

Pour essayer d'expliquer ce phénomène nous avons sollicité le fondateur de la troupe, Elliot Amah, qui nous raconte son histoire qui débute avec son initiation à la pratique des percussions dans son Togo natal. « A 7 ans c'est la batterie qui m'a attiré, mais à cet âge là les pieds ne touchaient pas les pédales », dit-il avec la malice qu'on lui connaît. Ainsi, c'est très tôt qu'il a jeté son dévolu sur les percussions, une rencontre entre les djembés et ses mains qui va rythmer toute sa vie.



La formation de Elliot expliquerait son envie de mélange, des conservatoires de Valenciennes et Paris, jusque la Guinée ou Cuba, il s'est construit de façon académique mais aussi en recherche de traditions. Le togolais d'origine s'est bâti une identité internationale, on comprend mieux pourquoi il s'est attaché au Hainaut, cette terre entre les deux pays France et Belgique où il élira domicile. Après avoir travaillé sur Tournai où il animait des ateliers de musique afro-brésilienne, il a ensuite traversé la frontière pour proposer ses services au Boulon il y a de ça deux décennies. « A Tournai, je sentais que la structure ne me portait pas », dit celui qui considère l'apprentissage comme une réciprocité des échanges. 

Si de nos jours il met en avant que l'histoire de ZeBatucA est intimement liée à celle de Vieux-Condé c'est qu'il a su rencontrer des personnes à même d'encourager son potentiel. « J'ai fait la toute première édition des Turbulentes où il n'y avait que du djembé, Serge Van der Hoeven (ndlr : maire de Vieux-Condé à l'époque) m'a dit que je limitais ma créativité, et qu'il fallait trouver une autre formule ». Pour Elliot Amah, ce conseil gravé dans son esprit fut comme un déclic : « il faut accepter l'évolution des choses, Serge souhaitait que je fasse un mélange de mon savoir pour avoir ma propre identité ».

L'artiste était donc motivé à faire la somme de ce qui constituaient ses influences, et un autre apport allait donner l'identité de ZeBatucA, celui du vivier de créatifs qui fourmille au Boulon. Elliot cite entre autres la compagnie Transe Express avec qui il a partagé la cérémonie d'inauguration de la flèche de la place d'armes de Valenciennes, « c'est à son contact qu'on a trouvé la couleur de nos costumes ». 

En plus de vingt ans, la possibilité de côtoyer des compagnies telles XY ou l'Homme Debout a été déterminante dans l'évolution de la troupe: « on prend de leur savoir, c'est grâce à ces rencontres que dorénavant je demande une oreille extérieure sur nos compositions, car quand tu crois que tu maîtrises c'est là que tu as tort ».  

La pédagogie et l'apprentissage animent Elliot, lui qui dirige l'espace musical de Bruay sur l'Escaut et qui enseigne à Vieux-Condé et Anzin. Un professeur qui fait l'appel en demandant à ses élèves de répondre avec un rythme ce n'est pas commun, mais pourtant si encourageant à être créatif.

Pour Elliot pratique de la musique et rapports humains vont de soit, « avec ZeBatucA je dis à ma troupe que si on est bien entre nous, les gens passeront aussi un bon moment ». Cela dit, il ne pratique pas que les percussions, il est également l'homme au sifflet, en s'imposant une rigueur et en attendant la même de ses intervenants : « des fois si certains craquent, je vais à leur écoute et je sais m'excuser ». 

Le lien entre les personnes, les pays et continents, et l'éducation trouvent également leur expression dans l'ONG que Eliott a fondé et gère avec sa compagne. Pour chaque prestation de ZeBatucA une partie du cachet sert à financer et parrainer des actions envers des scolaires au Togo. A ce jour c'est plus de 100 enfants qui ont pu bénéficier de cartables, cahiers, ou d'assurances pour les accompagner dans leurs études.

« pour les Turbulentes nous sommes un groupe comme un autre, si on veut notre place il faut la mériter. On se met donc une bonne pression pour être à la hauteur »

L'expression de ZeBatucA serait donc un mélange savant de métissage culturel, d'apprentissage et de communion pour laquelle le public n'est pas indifférent. Une osmose qui cache une implication sur le long terme, car même si vous voyez l'ensemble évoluer dans une chorégraphie joviale, tout découle d'heures de travail intenses, « on se prépare dès septembre pour nos prestations aux Turbulentes ». Cette « grande famille » d'une trentaine de membres l'est pour Elliot au sens propre comme au figuré car elle intègre sa compagne, ses filles, et tous ceux qui souhaitent le suivre dans son envie créatrice. 

D'ailleurs c'est bien une soif insatiable de création qui l'anime, sans jamais se reposer sur ses lauriers, « pour les Turbulentes nous sommes un groupe comme un autre, si on veut notre place il faut la mériter. On se met donc une bonne pression pour être à la hauteur ». Lors de l'édition 2024 des Turbulentes vous retrouverez ZeBatucA à deux reprises le samedi sur la place de la République, pour des moments où le terme harmonie retrouve son sens premier.  

X.V.



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