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Suivez les traces d'une famille Arménienne au CRP
Que connaît-on de l'Arménie dans notre mémoire collective ? On situe cette terre à la fois européenne et asiatique, il y a ces sombres heures de son histoire, des blessures qui ne sont toujours pas refermées, et qui avec le temps pourraient disparaître. Et de tous ces différents traumas, il existe autour de nous ceux qui les portent, les descendants d'une lignée qui a dû quitter sa mère patrie. Une génération qui à l'instar de Camille Lévêque cherche dans sa famille une histoire commune et presque muette. Une thématique forte qui ouvre également un nouveau pan du CRP, à voir jusqu'au 24 avril à Douchy les mines.

Pour bien saisir le titre de l'exposition TSVAT TANEM, un dessin médiéval illustre l'expression arménienne. On y voit deux hommes, l'un malade et l'autre soignant. « Je prends ta douleur », Camille Lévêque tente une traduction et pose la question : « si vous prenez notre douleur, que reste-t-il de nous ? ». Elle évoque ainsi le génocide de 1915, et ses survivants arrivés jusqu'en France, dont ses arrières-grand-parents. Plus d'un siècle plus tard, l'artiste visuelle a tenté de répondre à ses propres interrogations en allant réveiller de douloureux souvenirs familiaux, et a entrepris un voyage initiatique sur les restes d'un pays aux frontières devenues peau de chagrin.

C'est une exposition inédite qui a débuté au Centre Régional de la Photographie de Douchy les mines. Un ensemble qui comprend évidemment des clichés, centenaires et contemporains avec portraits et paysages. Également des documents d'époque, ou des bouts de tissus maillés d'un lourd passé, et aussi des reproductions de dessins à même les murs. Pour cette exposition le mot d'ordre serait scénographie, car ce n'est pas une collection qui arrive à Douchy, mais bien un travail sur le matériel et l'espace qui lui est alloué. Cette démarche ouvre une nouvelle ère pour le CRP, celle de Audrey Hoareau en tant que directrice et commissaire : « cette exposition est une première en France et nous l'avons produite, ces axes sont des missions du CRP. Les travaux de Camille font partie de ceux que je suivais en veille lorsque j'étais indépendante ». En somme Audrey a pris ses fonctions en amenant sa connaissance d'un réseau d'artistes, tout en visant les objectifs de la structure.
La collection qui constitue TSVAT TANEM se conjugue au féminin. Les recherches de Camille Lévêque sont passées par son ascendance matriarcale, socle de l'identité du peuple arménien selon elle. Ainsi elle trace un arbre généalogique qui part de son arrière grand-mère et où elle s'inscrit avec sa propre fille. « Ma mère était réticente à sortir les documents hérités, c'était douloureux de les montrer », l'artiste explique ainsi que sa génération est plus enclin à aller vers les racines du passé que celle de ses parents, préférant l'intimité et le silence pesant. La féminité est aussi présente à travers d'autres symboles, comme cette statue de la mère patrie, cette Marianne arménienne qui au grès de l'histoire du pays a disparu pour ensuite réapparaître, ou encore ces portraits faisant l'amalgame difficile entre les habits traditionnels et l'envie de rattraper son époque sous la forme de tatouages.

Revenons sur la scénographie de l'exposition dans le lieu dédié. Dès l'entrée il y a ce triptyque où le regard interpelle, c'est Anthony d'Ivry-sur-Scène et ses yeux qui accusent entre deux mouvements, pour se fermer à nouveau. Le visiteur voyage ensuite face à des éléments minuscules, l'intimité d'une famille, pour se retrouver happé par le paysage gigantesque de Garni, une carte postale d'un paysage qui révèle la beauté d'un pays. Une composition qui fait admettre à Audrey Hoareau qu'elle-même ne connaissait pas les formes et couleurs de l'Arménie. S'en suit des symboliques fortes, de l'oiseau épris de liberté et pourtant attaché à son nid, jusque des souvenirs rapportés de lieux de cultes, aux portes, piliers et icônes qui tentent de résister au temps. Le tout est présenté dans un souci d'esthétisme, où les symétries des ensembles et les compositions verticales témoignent d'un souvenir presque fugace mais qui se tient toujours droit.

TSVAT TANEM interroge sur la mémoire, sur ceux qui cherchent à la transmettre et d'autres qui préféreraient l'enfouir. L'ensemble met un point d'honneur à parler de douleur sans aller vers un esprit revanchard. Une exposition aux multiples formes, comme celles des frontières de l'Armenie qui furent plus d'une fois réinventées, mais qui garde en son cœur l'attachement d'un peuple pour la mère patrie.
X.V.
TSVAT TANEM - Camille Lévêque
Centre Régional de la Photographie - Place des Nations, Douchy les mines
Entrée libre
Mardi au Vendredi: 13h-17h
Samedi, Dimanche et jours fériés: 14h-18h
Jusqu'au 24 avril
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