MIAAM : les ateliers de résidence du Boulon qui mijotent jusque janvier
Selon la formule, un boulon c'est un écrou et une vis. Une combinaison qui symbolise les actions du Centre National des Arts de la Rue et de l'Espace Public de Vieux-Condé. Dans le même ordre d'idées vous avez le repas ou la correspondance écrite, ces liens qui unissent plusieurs personnes, qui se connaissent... ou pas. C'est sur ces pistes qu'a été pensé MIAAM, le programme d'ateliers et de rencontres des habitants du pays de Condé qui se tient jusque janvier, sous la houlette de Julie Romeuf et Camille Faucherre. Une action de résidence pensée comme un menu, où les personnes se créeront du lien comme on se partage un colis alimentaire.
Lors de quatre temps d'octobre à janvier, le Mouvement d'Initiatives Alimentaires et d'Arts Mixés provoque la rencontre et l'échange. Ainsi les porteurs du projet montrent eux-mêmes l'exemple en unissant leurs compétences et les valeurs qui les rassemblent. « C'est Virginie Foucault, directrice du Boulon, qui a pensé à nous réunir », disent d'une seule voix Julie Romeuf et Camille Faucherre. Vous connaissez surement Julie à travers sa compagnie Commune Mesure qui a travaillé près de chez vous notamment avec le projet Habiter les rives en 2022, quant à Camille il est de ces artistes souvent cité dans les actions du Boulon et de son festival les Turbulentes avec les créations de la Générale d'Imaginaire, comme ce fut le cas en 2023 avec la déambulation Trajectoire.
Lorsqu'on leur pose la question de savoir ce qu'ils ont en commun, tous deux répondent : « les questions d'alimentations, et leurs liens avec le social ». Camille tente un néologisme avec « art-limentaire » en doutant sur la formule. Ce qui est certain, c'est leur ligne commune, ainsi quand l'un déclare « j'aurai pu travailler sur les projets de Julie », la concernée dit spontanément : « et réciproquement ».
De cette collaboration, d'autres liens vont se créer autour du projet MIAAM. D'une part entre les participants aux ateliers qui se tiennent au Boulon, et de l'autre lorsque Camille et Julie vont à la rencontre des habitants du pays de Condé, dans des établissements scolaire, maisons de quartiers, ou EHPAD. Une centaine de quidams, de 6 à 84 ans, qui vont apprendre à se connaître, avec la nourriture comme lien. « Nous sommes partis du concept des colis qui sont distribués en fin d'année » lance Camille, « et comment on le détourne » enchaîne Julie. Un procédé est né, qui serait résumé par « ce qui fait commun pour ensuite faire un pas de côté ».
Le duo de créatifs nous donne leur recette : « il y a tout d'abord des échanges de correspondance entre inconnus, des créations de gravures échangées avec les lettres dans des enveloppes personnalisées, pour finir sur un grand banquet spectacle, et même une loterie ». Le rendez-vous final se tiendra le jeudi 16 janvier, et d'ici il faudra donner forme à la fête qui se prépare, « avec un orchestre MIAAM, et du slam, ou même de la poésie », les idées fusent et prennent, « on va faire monter la sauce », le chant lexical met déjà en appétit.
Toute une mécanique qui s'est enclenchée dès début octobre avec notamment un premier atelier auquel nous avons assisté. Les participants ont découvert le principe, et se sont mis à écrire et graver leurs supports qui seront imprimés. Des activités qui se superposent les unes aux autres comme un mille-feuilles ou des lasagnes. D'ailleurs la machine qui sert d'ordinaire à créer les pâtes rectangulaire est pour le coup détournée de son usage premier pour devenir une presse à gravure, tout un symbole pour la nourriture et les arts qui sont la recette de MIAAM.
Après avoir compris les consignes, les brouillons des lettres prennent forme et les esquisses sur linoléum apparaissent. Tandis que Myriam utilise le ton familier pour s'adresser à l'inconnu qui la lira en écrivant « comment vas-tu ? »,Yannick grave un champignon et Dominique un ananas, au même moment Arthur le benjamin du groupe utilise tout le poids de ses 10 ans pour faire pression sur un tampon qui ornera une enveloppe. L'effervescence est lancée sous la direction de Julie et Camille, une certaine familiarité s'installe, certains ont une idée fixe en ajoutant un suffixe à leur prénom et une participante devient ainsi Paulixe.
A l'heure où paraît cet article, les premiers échanges épistolaires ont été faits, et la suite des créations se tiendra le 7 novembre au Boulon et dans les établissements partenaires où Julie et Camille se rendent. Des idées qui mijotent et dont les premières senteurs promettent de régaler les sens des convives de la grande fête finale du 16 janvier.
X.V.
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