Le troisième angle de la salle
principale s'intéresse au travail de Ye Wuji, qui en toute
illégalité va dépasser les limites qui sont imposées. Nous sommes
à la frontière avec le Kazakhstan qui est sous le feu des
actualités avec le traitement infligé aux Ouïghour. Ici la
population est recluse, ses rues sont barrées, on ne circule pas
comme on le veut. Le gouvernement chinois y dispose de nombreuses
barrières, et fait preuve d'une inventivité dans leurs formes et
procédés. C'est ce mobilier urbain répressif qui a inspiré Ye
Wuji, car de barrières ça n'a plus que le nom, tant les formes et
les couleurs témoignent d'une cruelle inventivité. Et surtout, au
delà de leur usage premier, ils sont devenus par la force des choses
une part entière du quotidien. Le photographe les a référencés,
catalogués, et a poussé l'absurde à les proposer lors d'un vote
pour élire la barrière préférée. La gagnante fut même
reproduite sur un timbre, une contrefaçon naturellement interdite,
qui est présentée dans le cadre de l'exposition. Ce travail sur les
barrières, Ye Wuji l'interroge avec sa portée dans le temps, et il
y revient encore aujourd'hui, comme en témoigne une vidéo qui
tourne à côté des clichés exposés.