La poésie, ce calme qui lutte, ce petit quelque chose

28/02/2022

Il existe des œuvres qui échappent au contrôle de leurs créateurs. Une fois achevées, elles vivent une existence propre, comme le dit l'adage elles n'appartiennent plus aux artistes mais sont accaparées par les sens qui les rencontrent. C'est en somme le destin de Quelque chose calme lutte, qui d'une correspondance entre trois amis, est devenue en cours de route un projet d'étudiants, pour se transformer en travail d'édition. Tout en passant par des étapes comme une performance accompagnée de sons, une pièce d'un festival au Phénix qui suscita l'engouement jusque se voir proposer une séance supplémentaire. Une belle histoire, un véritable moment de poésie, sur lequel nous tentons de poser quelques mots pour prolonger son effet.

Frédéric Dumond,  Pascal Pesez, Esteban Fernandez et Johan Grzelczyk
Frédéric Dumond, Pascal Pesez, Esteban Fernandez et Johan Grzelczyk

Qu'il semble déjà lointain ce jour de 2019, où trois amis, trois poètes, décident d'écrire à six mains un travail commun autour d'une correspondance électronique et de trois vers « quelque chose / calme / lutte ». Ni Frédéric Dumond, Johan Grzelczyk ou Pascal Pesez, n'aurait imaginé la portée de leurs écrits trois ans plus tard, lorsqu'ils présentaient l'ouvrage qui reprend leur texte à l'issue de la seconde représentation de leur performance au Phénix ce 25 février. « Surtout que l'on connaît la difficulté de diffuser la poésie contemporaine », souligne Johan. Les trois auteurs, accompagnés par leur compère Esteban Fernandez pour la partie son, soufflaient de leur marathon de deux performances quasi-successives, pour aller à la rencontre de leur public, venu nombreux remplir les deux représentations. Le moment était la somme d'émotions diverses, joie et excitation, mélangé à la fébrilité des sens ébranlés par la poésie déclamée. Un instant clef mais surtout pas la fin de l'aventure pour le texte qui désormais sera emporté et lu grâce à l'édition de Ni fait ni à faire, suite à une proposition de maquettes des étudiants de l'UPHF.

« Est-ce la conclusion du projet ou un nouveau départ ?», s'interrogeait Johan Grzelczyk qui parlait en son nom et celui de ses deux compères Frédéric Dumond et Pascal Pesez à l'issu du vernissage du 24 février. Nous étions la veille des représentations au Phénix, et des dizaines de personnes étaient réunies à la B.U. Du Mont Houy pour découvrir les maquettes d'édition pensées par les étudiants. Cette exposition visible jusqu'au 23 avril fait la somme des étapes qui ont permis au texte de trouver une forme graphique, pour que l'éditeur Ni fait ni à faire puisse sortir le livre de Quelque chose calme lutte. Un an plus tôt, les auteurs rencontraient les étudiants lors d'un workshop chez OSCAAR, tiers-lieu de la FLAC à Marly. De ces échanges cinq groupes ont travaillé sur autant de maquettes, dont l'une fut retenue pour l'édition. Mais là où il n'y avait aucun esprit de concours et de concurrence, ce sont les cinq études qui sont présentées en ce moment dans une seule et même exposition. « Une des plus belles réalisation de la B.U. », selon Arnaud Huftier vice président à la culture de l'université. Même son de cloche pour Charlotte Meurin, responsable du lieu qui décrit cette exposition comme « le projet le plus ambitieux présenté dans ces murs ».

Si un mot devait résumer cette exposition ça serait « immersif », en effet de par les travaux de maquettes présentés vous rentrez littéralement dans le texte. Une expérience qui troubla les premiers concernés, Frédéric Dumond en parle comme d'un « éclaté en anatomie », alors que Johan Grzelczyk dit qu'il « n'imaginait pas que cela prenne une telle dimension », Pascal Pesez s'en amuse même lorsqu'on lui fait remarquer qu'il « marche sur son chant 4 ». Car par une scénographie particulière, vous suivez le cheminement qui reproduit en trois dimensions les réflexions suivies par les étudiants. Un parcours en pointillé au sol, sur les murs et les vitres, jusque sur les tables vous emmène à l'intérieur des différentes maquettes, leurs matériaux et leurs agencements, où le texte de Quelque chose calme lutte est comme libéré d'exister et de venir vous imprégner.  

De quoi donner du baume au cœur aux auteurs qui se préparaient à déclamer les onze chants du texte lors du Cabaret de Curiosités au Phénix le 25 février. Le résultat d'un travail, où la structure écarlate du boulevard Harpignies a su ouvrir ses portes aux poètes, pour deux sessions de résidence. « Une première pour tester le texte, et une seconde où Esteban Fernandez nous a rejoint pour l'étoffer avec un habillage sonore », explique Johan. De ces résidences a découlé l'intégration du spectacle au festival CdC et sa thématique Nos Futurs ?, et cerise sur le gâteau à la séance prévue initialement une seconde fut rajoutée pour répondre à la demande du public. Aujourd'hui, outre ces représentations et l'exposition en cours, le livre est désormais disponible, un podcast vidéo porté par la radio Ramdam viendra alimenter encore plus la dynamique, et un site internet est mis en ligne. Frédéric Dumond tente de résumer le chemin parcouru : « nous étions dans la correspondance par email, c'était le côté immatériel du projet, là nous sommes dans la matière et le livre ». A écouter les auteurs, leur texte est le « produit de strates successives », une définition très juste mais qui sans le vouloir parlait aussi de cette dynamique qui a pris vie d'elle-même. Un petit quelque chose, qui se voulait calme, et qui n'a plus à lutter pour prouver son existence.

X.V.


Pour son nouvel ouvrage paru aux éditions Ni Fait ni à faire, Johan Grzelczyk a réalisé un travail où la poésie s'exprimerait à la façon d'une œuvre plastique. C'est autour de la conjonction « comme » que l'auteur a recherché le terme dans des écrits, pour ensuite le cataloguer, et enfin mettre en forme cet inventaire sous la...

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