Dossier Sainte Cécile : ces lieux où on apprend la musique près de chez vous

22/11/2022

Si la sainte Cécile est encore célébrée dans le Nord, c'est que notre région est une terre propice à la musique et son apprentissage. En effet, écoles de musiques et conservatoires font parties intégrales du paysage de nos villes et nos campagnes. A l'occasion de la fête de leur sainte patronne, Valexplorer a voulu s'intéresser à leur fonctionnement en 2022. Pour ce faire nous avons interviewé leur responsables à Condé sur l'Escaut, Quarouble, Saint Saulve et Louvroil.  

Débutons notre tour par Condé sur l'Escaut. Ici l'école de musique est municipale et tient son nom d'un enfant du pays : Frank Trommer, l'auteur de Ma Tante Janine. A la tête de cet établissements de 14 professeur on trouve depuis 2014 Arno Gardener. C'est en abordant la fréquentation que le directeur nous parle de son école : « il y a eu une baisse après les confinements, et là on revient à la normale, même si je n'aime pas ce terme ». Cette jauge qui remonte est selon lui représentative de l'ensemble des lieux culturel : « il y a eu une difficulté à inciter le public à revenir ». Cela dit, cette période de la pandémie a permis à Arno et son équipe d'utiliser les technologies en ligne, avec cours en visio, et lien entretenu grâce aux réseaux sociaux. 

Selon Arno, les écoles de musique n'ont pas su prendre le train 2.0 d'Internet, et l'année 2021 a montré ces lacunes. Il défend aussi un usage de la musique qui saurait sortir de certains carcans. Pour lui les pratiques électroniques devraient trouver sa place dans les enseignements proposés. Autre exemple : il dit devoir considérer ceux qui auraient une pratique autodidacte, et s'adapter à leur savoir pour les faire progresser. 

L'école de Condé sur Escaut a identifié les opportunités du territoire pour élargir son rayonnement. On citera le processus CLEA de l'agglomération, ou sa participation au festival des Agités du Mélange. Arno se dit satisfait de ce contexte, surtout que l'établissement est considéré comme un moteur de la ville : « monsieur le maire ayant été élève, c'est plus qu'un détail ! Il connaît nos attentes et nos besoins ». 



Quittons la ville fortifiée pour aller vers une zone plus rurale de l'arrondissement, à Quarouble. Ici Christophe Lalou est depuis 6 ans à la direction de l'école Étienne Simon, qui a la particularité d'être intercommunale. « On est touché ici par la désertification, et c'est valable pour l'enseignement de la musique », Christophe dresse un bilan peu réjouissant. Pourtant il déborde de volonté pour maintenir à flot cet ensemble qui comprend Quarouble, Thivencelle, et Saint Aybert. Grâce à cette union, à ce jour c'est une cinquantaine d'élèves qui bénéficient des cours de 6 professeurs. Selon Christophe cette union fait la force, « le tout est de savoir convaincre, surtout les élus des villes ». Pour défendre son discours, il parle de particularités et sensibilités qui formeraient un tout « il n'y a pas partout la même demande, sur Thivencelle elle était palpable par exemple ».

L'autre axe qui rend l'école Étienne Simon particulière est son statut associatif. Une fois de plus, Christophe dit devoir régulièrement se battre pour expliquer son fonctionnement : « aller chercher des partenaires privés et publics, rappeler le modèle économique, ou comme en ce moment lancer un appel à de nouveaux bénévoles ». Une conjoncture qui demande son lot d'efforts, mais qui ne passent pas inaperçu, l'école a reçu par le passé des prix de fondation SNCF ou Crédit Mutuel.

L'association porte aussi son événement phare, le festival jeunes orchestres. Un ensemble comprenant plus de 300 musiciens, destiné à provoquer la rencontre avec le public, et poursuivre ainsi l'effort de sensibilisation à l'importance des écoles. Christophe travaille d'arrache-pied à la prochaine édition qui est prévue pour début février 2023.

Pour la suite de notre tour, quittons les écoles de musique pour s'intéresser à un conservatoire. Celui de Louvroil en l'occurrence, avec à sa tête la valenciennoise Emilie Leclerq. Ici à André Boquet on retrouve 14 enseignants pour 250 élèves, une maison solide qui a peu ressenti une baisse de fréquentation lors de la crise sanitaire. Ce n'est pas ce point qui inquiète Émilie, mais plutôt les habitudes des élèves, « il n'y a pas que le piano et la guitare », dit-elle en grossissant le trait pour alerter sur les cours les moins fréquentés. Elle préférerait qu'on suive les envies des élèves, premiers concernés, plutôt que certaines tendances. Même constat sur l'enseignement de long terme, « avant on les voyait grandir », une façon de dire que malheureusement les vocations ne durent plus et que la pratique de la musique n'échappe pas à un effet de consommation.

Sur une note plus positive, la structure municipale propose des cours donnés par des professionnels qui pratiquent régulièrement la scène, ou comme le dit Émilie Leclerq : « « tous mes professeurs sont des artistes ». Parmi eux, on citera Julien Mahieux à qui nous avions consacré un portrait récemment. Le conservatoire André Boquet s'inscrit également dans des opérations telle la venue de l'Opéra Bus de Harmonia Sacra, et profite d'autres structures de la ville telle la médiathèque pour monter des actions, à venir un balade musico-contée.  



C'est à Saint-Saulve que nous faisons notre dernière escale en compagnie du directeur de l'école, Eric Lannoy. C'est Arno Gardener de Condé qui nous a conseillé de nous intéresser à cette structure à l'occasion de ce dossier, et il avait grandement raison. En effet, c'est l'établissement qui monte, avec une progression de plus de 100 élèves sur les dernières années. De plus, son directeur regarde la période COVID avec tranquillité, elle a permis de mettre en avant son mode d'accueil et de suivis des élèves. Eric analyse le succès de l'école par un bouche à oreille conséquent, une réputation bâtie sur les méthodes appliquées. « On a revu l'ordre de l'enseignement, comme un entonnoir à l'envers, avec tout d'abord le primordial et ensuite les options », le directeur parle en mélomane en expliquant que certains socles traditionnels ne servent que rarement par la suite de l'apprentissage.

L'école de Saint-Saulve existe grâce à une formule mise où Eric est employé par la ville, et son fonctionnement est sous statut associatif. Eric Lannoy parle de la structure comme ne « rentrant pas dans toutes les cases ». De par son statut particulier, certains partenariats sur le territoire sont difficiles. Mais cela dit, il relative : « ça permet plus de liberté, j'y trouve un côté humain plus agréable, moins un rôle de fonctionnaire ». Le lien avec la ville s'exprime par ses demandes, auxquelles Eric et son équipe savent répondre, comme le concert d'octobre qui a vu l'harmonie et des formations funk partager une scène. Il y aura également le concert de Noël, toujours les partenariats avec les écoles maternelles et primaires, et évidemment le rendez-vous de la Sainte Cécile.

Rares sont les occasions de mettre en avant ceux qui travaillent à la transmission de la musique, c'est pourquoi à Valexlorer on voulait profiter de la Sainte Cécile pour le faire. Surtout que les élèves de ces écoles, ou même leurs professeurs, apparaissent régulièrement dans nos articles, pour leur actualité qui découle de leur pratique. Un focus qui tente d'expliquer l'une des raisons de la vitalité artistique de notre territoire.

X.V.  


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