5 mai 2025, à l'heure où à Vieux-Condé sont démontés les équipements du festival d'arts de la rue, les souvenirs des Turbulentes resteront eux à jamais présents. Trois jours de fête, de spectacles, et de vivant, une trinité symbolisée par les trois couleurs des fanions qui ont habillés la ville. On retiendra de l'événement qu'il sait être fort de ses fondamentaux, mais aussi qu'il sait se réinventer à l'image du nouveau village restauration, en somme une constante évolution et une maîtrise du facteur X telle la météo avec laquelle il faut composer. Revenons ensemble sur cette 27e édition, plus que jamais « gratuit, rassembleur, engagé, et accessible ».
Avec les Turbulentes, le Boulon ne propose pas qu'une programmation autour du thème des arts de la rue, c'est également un prétexte au rassemblement. Avec cette possibilité de réunir ses partenaires c'est trois moments « en off » qui ont profité de cette dynamique avant le lancement officiel du festival. Tout d'abord un temps d'échange entre professionnels des arts de la rue, qui ont pensé ensemble l'offre vers le « jeune public », à son issu les participants ont pu assister à un happening des élèves du collège Jean Jaurès de Vieux-Condé, en collaboration avec Ardestop dans le cadre des résidences missions de Valenciennes Métropole.
Enfin le troisième temps en amont des Turbulentes a été celui consacré aux partenaires institutionnels, où de l'agglo à la ville, en passant par le département, la région et la DRAC, chacun a réaffirmé son soutien au CNAREP, ouvrant la voie aux futurs financements, notamment ceux qui seront alloués aux travaux de réfection du Boulon. Lors des discours David Bustin, maire actuel de la commune, profite de la présence d'un de ses prédécesseurs, en l'occurrence Serge Van Der Hoeven, pour le remercier publiquement de la création du festival, une façon de marquer l'histoire avec un grand H des Turbulentes.
A l'heure traditionnelle de 19h et une minute, les trois jours de fête ont été lancés le vendredi par Calixte de Nigremeont et le public nombreux sous le soleil. Déjà à ce moment, les spectacles ont bénéficié d'une belle affluence, les aguerris se plaçaient en avance sur les lieux de représentations, et à l'image de Golem, l'esprit était participatif et l'inattendu élevé au rang d'art.
Une mise en bouche avant la grande journée du samedi, où les habitués, passants, locaux et extérieurs ont dû conjuguer avec un invité surprise : la pluie. On le sait, quand on organise un événement en extérieur, la météo est cet élément imprévisible avec lequel il faut savoir jouer. De là, annulations, reports, et replis en intérieurs ont rythmé l'équipe du Boulon une partie de la journée, avant un retour à la normale au planning vers 17h. Cela dit, vous étiez tout de même 10 000 spectateurs à Vieux-Condé en dépit des conditions climatiques, « et quand on voyait les gens arriver, on se dit qu'ils sont partis de chez eux sous la pluie, en sachant très bien quel était le temps », une analyse pertinente partagée par Romain Carlier, en charge de la communication.
C'est dans les conditions du samedi que le nouveau village restauration a montré tout son potentiel. Les tables réalisées par les petites mains, abritées par les tonnelles et les arbres, au cœur d'un ensemble de food trucks et bars ont contribué à la chaleur humaine ambiante. Un contexte qui a permit à la Roulotte Ruche de lancer son bal improvisé vers 22h, avec le concours des spectateurs se tenant littéralement par la main.
Le dimanche plus clément, a aussi mis en exergue le côté rassembleur du village restauration et les offres du parc Dussenne, incarnés entre autres par l'installation vivante de Morphosis et le manège actionné manuellement du Chaudron par et pour les plus petits.
Le Boulon avait pensé la communication de ses spectacles à travers trois livrets adaptés aux différents visiteurs, de beaux outils d'informations mais on le sait les Turbus c'est ceux qui le vivent qui en parlent le mieux. Ainsi on entendait les échanges dans la foule, conseils et coups de cœur étaient partagés entre les festivaliers, des avis qui amenaient vers des routes improvisées à l'image des chemins de vie de la déambulation de Les Ailes. On pensera aussi à cette dame qui lors de la représentation de '« La Cuisinière » nous a partagé entre deux éclats de rires : « c'est ma fille qui m'a dit qu'il fallait absolument que je vois ça ».
Le rayonnement du festival était aussi en ligne et dans la presse grâce à une couverture conséquente de nos confrères, soulignons au passage le travail de Losange Noir qui grâce à un effectif chevronné à rendu quasiment en temps réel ses films récapitulatifs des temps forts de chaque journée.
Les Turbus étaient une « grande tablée », un peu « Virils » mais pour rire, on se disait « Liberté, mon cul » et « La Ferme » dans un respect mutuel, avec des étendards comme un « Tancarville », tel un « Bolide » qui nous incitait à « Jouir ».
Tout une offre qui interroge : c'est quoi les arts de la rue ? C'est utiliser l'eau et le feu alors que dans une salle on ne pourrait se le permettre ? C'est des espaces goudronnés ou de verdure qui se réinventent pour devenir des scènes ? C'est les éléments comme le vent qui s'invitent pour rappeler notre petite place sur Terre? Un peu tout ça, mais surtout un rendez-vous offert à votre porte, sans l'appréhension de passer celle des lieux de diffusion.
La promesse faite du rendez-vous traditionnel du premier week-end de mai a été tenue, aussi bien par le Boulon, la ville, les artistes, les bénévoles, et vous visiteurs « tout-terrains ». Le ciel de Vieux-Condé sera un peu plus vide sans toute cette effervescence en dessous, mais on le sait un an ça passe vite, et l'événement reviendra car indéboulonnable.
X.V.
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