On a vu : TOD à Bruay sur l'Escaut dans le cadre des Hors les murs du Phénix

15/04/2024

Avec TOD, les hors les murs du Phénix répondent à ce que l'on peut demander au théâtre. On y retrouve tout d'abord une offre itinérante, où le voyage trouve son sens lors de la rencontre avec le public. Ensuite il y a ce concept où les textes sont sublimés par le jeu des actrices et acteurs. Enfin le tout trouve son expression dans un esprit pot-pourri autour d'un thème universel, comme pour prouver qu'il n'y a aucune redondance quand on s'inspire de notre humanité, juste des façons différentes de l'exprimer. Cette méthode en plusieurs points est ce qui ressort des représentations de Théâtre On Demand de la compagnie 7 ans plus tard, c'est en tout cas le ressenti que nous avons observé le samedi 13 avril à Bruay sur l'Escaut.

Écrire sur du spectacle vivant est toujours un exercice périlleux, il y a un monde entre les émotions ressenties lors d'une représentation et cette tentative du journaliste de coller au plus près du vécu à travers ses mots. C'est comme ce dialogue entre Perdican et Camille à la fin de l'acte II de On ne badine pas avec l'amour, où autour d'une fontaine le jeune fils du baron explique dans une tirade à sa cousine qu'un être existe par ses sentiments, et cette dernière a le souffle coupé par cet aveu. Rien ne saura retranscrire le désarroi de Camille comme il est interprété. 

Du théâtre qui se vit, et surtout qui se joue. Car c'est un véritable jeu que ce concept d'extraits sélectionnés par le metteur en scène Damien Chardonnet-Darmaillacq, ensuite tirés au sort avec la complicité du public, qui choisi également au hasard les interprètes des rôles avec des billes de couleur attribuées à chacun d'entre eux. « C'est déroutant qu'un homme ait un rôle de femme et vice-versa », dit un spectateur en fin de séance, une réaction au côté incongru, un sentiment d'inédit, et une partie de l'objectif est atteint.



Dès l'entrée dans la petite salle de Bruay sur l'Escaut, l'invitation est faite pour rendre le moment participatif. Tout d'abord ce lieu polyvalent qui accueille du théâtre, où d'ordinaire s'y tient des réunions d'information ou des conseils d'administration d'associations, là c'est un autre décor qui y est planté. Des sièges disposés en U donnent le ton, on se rassemble autour d'une scène improvisée constituée de deux chaises, différents angles de vues pour une seule direction de notre attention. Ensuite les règles sont établies et expliquées, public et acteurs sont littéralement au même niveau, et les échanges autour du couple renforcent ce socle commun et cette promiscuité. 

En tout c'est 8 scènes, de Musset à Devos en passant par Bergman ou Feydeau qui seront jouées, dans un ordre non défini, une loterie où on rit, s'émeut, s'interroge et forcément on s'y retrouve autour d'un dialogue ou d'une diatribe.  

« On ne nous apprend pas à être sensible », peut-on entendre au détour d'une réplique. Et pourtant avec TOD c'est bien une éducation au théâtre et à son spectre d'émotions qui est proposé. Une mission que s'est confié le Phénix tout du long de sa programmation et qui trouve son expression avec les « hors les murs ». 

« Du théâtre à Bruay sur l'Escaut c'est si rare qu'il faut le souligner », dit une spectatrice ravie au metteur en scène en fin de représentation. D'autres commentaires prouvaient aussi que ce 13 avril c'était une première rencontre entre les arts de la scène et une partie du public : « c'est votre métier ?», demande-t-on aux acteurs qui expliquent qu'ils sont effectivement intermittents, « comment vous faites pour pleurer ? », suite à cette larme de Titus, car oui un homme peut pleurer, même interprété par une femme.

« J'ai vu une spectatrice venir à trois reprises sur trois villes différentes » - Dorothée Deltombe du Phénix

Lors de la première valenciennoise de Théâtre on Demand à la sous-préfecture on nous avait promis que chaque représentation serait unique. Une tendance bien comprise par certains comme nous l'explique Dorothée Deltombe du Phénix : « j'ai vu une spectatrice venir à trois reprises sur trois villes différentes ». A Bruay sur l'Escaut le ratio de spectateurs comprenait une grande majorité d'habitants de la commune, « et environ 20% d'extérieurs » nous dit Anthony Bertin, responsable de de la médiathèque de la ville. 

Une offre sur le long terme comme l'était « Les gros patinent bien » proposé en début de saison au Phénix, telle une façon contemporaine de penser le théâtre sur la durée et prendre le temps de toucher les publics. Avec une autre variable dans l'équation : exploiter le territoire, jusqu'au 20 avril il reste des représentations à Quiévrechain le 16, Crespin le 19, et Marly le 20. D'ailleurs pour conclure cette tournée, on vous donne rendez-vous au Phénix pour une visite insolite en compagnie des membres de la compagnie 7 ans plus tard (gratuit sur réservation).

« Je dis à mes actrices et acteurs, que c'est une chance de pouvoir jouer en même temps tous ces textes », affirme le metteur en scène Damien Chardonnet-Darmaillacq. Une chance qui est partagée par le public qui assiste à autant d'échantillons, brefs mais intenses. Car même si le texte reste cette base immuable, TOD nous prouve que l'interprétation est tout aussi importante, et qu'une scène même de fortune est un espace ouvert dans les deux sens, plus que jamais le public est acteur. 

Que demander de plus à cette offre, peut-être qu'elle revienne à l'avenir ? La compagnie 7 ans plus tard étant installée à Valenciennes, et son metteur en scène a l'idée de renouveler le concept avec une autre thématique, tout est ouvert. Nous sommes prêts à nous délecter de ce « buffet théâtral » qui met en bouche et dont on attend la prochaine fournée.

X.V.

Photos: Mairie de Bruay sur l'Escaut



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