Marie Fortuit ou la reprise de volée valenciennoise

31/01/2022

Marie Fortuit, si le nom ne vous dit encore rien, il sera impossible d'y échapper à l'avenir tant son actualité l'amènera près de chez vous. Vous l'avez peut-être déjà vu avec son spectacle La vie en vrai dédié à Anne Sylvestre à Thivencelle ou chez OSCAAR à Marly, et elle sera à l'affiche du festival A Travers Chants, ou au cabaret du club Léo Lagrange d'Hergnies. Artiste émergente soutenue par le Phénix et la DRAC, Marie s'implante dans le valenciennois d'où est originaire sa famille. Portrait d'une créatrice polyvalente, entre amour des planches et des terrains de football.

De sa première compagnie qu'elle intègre à 17 ans, à son arrivée à Saint Saulve pour y fonder les Louves, le parcours de Marie Fortuit l'a amené à jouer Genêt ou Bergman. La jeune femme est le produit de son expérience, de sa licence d'histoire et d'arts du spectacle à Paris III La Sorbonne-Nouvelle, en passant par la création personnelle avec La Maille en Ile-de-France, jusque son expérience de joueuse de football avec le maillot du PSG. Son arrivée dans le valenciennois est en fait un retour, qui allie parcours de vie et professionnel, c'est la terre de sa famille depuis le XVIème siècle. Sa grand-mère avec laquelle elle dit avoir un lien très fort a vécu à Marly. « J'avais un désir de revenir à mes racines, comme pour continuer à faire vivre ce qu'on m'a transmis des valeurs de la région ». C'est par le 232U d'Aulnoye-Aymerie qu'elle s'est rapprochée de nous, la structure faisant partie du réseau du Phénix, elle fut identifiée par ce dernier : « il y a une main tendue pour les compagnies qui s'installent sur le territoire », confirme-t-elle.  

Ce besoin de rapprochement avec la région, Marie Fortuit l'a amorcé avec sa création le Pont du Nord. « Première pièce, pleine de réminiscences et de secrètes connivences, d'une artiste obstinée », pouvait-on lire sous la plume de Jean-Pierre Thibaudat dans Médiapart. C'est après avoir vu cette création que Célia Cadran du 232U s'est rapprochée de Marie Fortuit. Les deux femmes se sont trouvées des « valeurs communes, une affinité artistique ». Nous étions après le premier confinement, l'idée d'un travail commun a vite émergé, « nous avons partagé, et même regardé du football ensemble. Elle m'a dit banco », la compagnie des Louves était née et allait s'installer à Saint Saulve.

Les Louves c'est « sa meute », une comparaison qui s'impose d'elle-même. Marie utilise aussi naturellement tout un lexique emprunté au ballon rond, elle qui ne cache pas son amour du football. Ainsi sans forcer le trait et d'un feu inextinguible elle fait des parallèles : « une compagnie c'est se passer la balle, et continuer à courir même si on n'a pas le ballon ». Elle parle de « solidarité et de beau geste, sur le terrain et dans l'artistique ». Selon la créatrice, il y a également un rapport à l'enfance, c'est pour elle une façon d'aller chercher des valeurs ancrées et solides, comme pour affirmer un être construit et posé. Ainsi lorsqu'elle évoque sa future création Ombre, inspirée du mythe d'Orphée et Eurydice revisité par l'auteure Elfriede Jelinek, on y trouve des passerelles avec son expérience personnelle. « La mort d'Eurydice n'est pas la fin de l'histoire. Il y a cette symbolique comme si elle se retirait du monde pour créer ». La figure mythologique, Jelinek, ou Fortuit, les frontières se troublent et s'épousent dans cette description.  

Le Phénix était ce socle sur lequel les Louves pouvaient démarrer, le réseau valenciennois allait concrétiser l'expansion du travail à présenter. La FLAC, A Travers Chants, le club Léo Lagrange d'Hergnies, la mécanique locale a su intégrer Marie et lui offrir les moyens de rencontrer le public. « Je pressentais que le territoire était propice à la culture, et mes intuitions se sont confirmées ». Ainsi avant Ombre qui sera joué lors du Cabaret des Curiosités 2023, c'est avec un spectacle tour de chant dédié à Anne Sylvestre intitulé La vie en vrai que Marie est en tournée près de chez vous. Marie considère la chanteuse comme une « marraine », et prolonge son héritage. « Ses textes résonnent avec mes histoires. Elle qui était poétesse, et même féministes sans le savoir. Je dis cela alors qu'elle n'aimait pas les étiquettes ». Il y a des parties chantées dans son spectacle, d'autres récitées, Marie parle d'un écho qui résonne avec des thèmes contemporains. Elle évoque son passage chez OSCAAR à Marly, où la scène était éclairée par les lumières de la ville qui se dessinaient en arrière plan. Elle évoque aussi un public varié, mélangé : « c'était fort ». Des premières expériences qui la confortent sur les mois et les années à venir où ses créations marqueront le valenciennois. Ainsi notez à présent les dates du 26 février à 19h à Hergnies et du 15 mars à l'espace Athéna pour les prochaines représentations de la Vie en vrai. Marie Fortuit vient de faire sa première présentation dans les pages de Valexplorer, nous ne manquerons pas de vous informer sur ses créations à venir.

X.V.  


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