L'humanité claire et obscure des toiles de Nono

19/04/2024

Avec sa technique qui mêle l'acrylique avec un peu d'aérographe, Arnaud Houtekeete alias Nono s'est spécialisé dans le portrait. Ainsi, lui consacrer un article serait comme une mise en abyme de sa pratique, une mise en lumière tel un exercice pour celui qui est réservé à l'oral. C'est qu'il a tant à dire à travers ses pinceaux et ses sujets, son œuvre serait comme un rassemblement de figures populaires, de grandes gueules et leurs expressions. Dans un jeu de macro et de micro, partons d'une étude générale des tableaux de Nono, pour s'intéresser au détails, deux angles de vue pour une perspective à taille humaine.

Kurt Cobain, Anthony Hopkins, ou même le photographe Jean-Marc Deltombe peuplent la galerie de personnages qui inspirent Arnaud Houtekeete. Avec leurs regards, des rides qui creusent les visages, et tout un ensemble d'expressions faciales, celui qui signe Nono tend avec son pinceau de sublimer l'individu, tout en y mettant sa touche de fantaisie. Au premier abord, ses portraits frappent par leur réalisme, quasi-photographique mettant en lumière une volonté de tendre vers le réel. Mais le deuxième effet se fait ressentir dès qu'on se rapproche des toiles, on y trouve un brouillon volontaire, avec des traces de pigments posés selon l'envie du créatif, et qui interrogent sur les nuances du figuratif. « Mon défi est de faire du réalisme, mais je ne vais pas faire cheveux par cheveux, j'aime garder un côté brut, ma touche est là ».

Actuellement il expose à Valenciennes dans le bar l'Ipanema, et en faisant le tour des toiles exposées Arnaud s'arrête sur Bob Marley, « c'est l'un des tableaux sur lequel je me suis le plus lâché », une liberté de ton qui trouve son expression dans ce portrait qui ne laisse pas indifférent ceux qui l'observent comme en témoigne le gérant de l'établissement.



« j'ai un côté observateur, et un véritable attrait à l'humain et au corps »

Avec des clairs-obscurs qui rendent les visages profonds et lumineux, et nous le disions plus tôt des rendus différents de près ou de loin, Nono aime jouer des paradoxes et de leurs contrastes. Un effet de sa personnalité, lui qui oscille entre rigueur et l'instinct, à consacrer ses matinées à produire tout en étant dans un « feeling, pas intellectualisé », selon ses termes. Une œuvre Rock n' Roll ? « Je viens de là, c'est ma culture ». 

Son parcours académique à Roubaix et Tourcoing où il a fréquenté l'E.S.A.A.T. et les Beaux-Arts et ses formations de dessinateur maquettiste et infographiste auraient pu l'amener à travailler dans la publicité, c'était sans compter sur son plaisir de croquer les usagers des transports en commun, « j'ai un côté observateur, et un véritable attrait à l'humain et au corps ». 

Une envie de produire qui lui fait dire qu'il se sent bien dans l'Athènes du Nord : « c'est à Valenciennes que je me suis fait connaître, c'est ici que je reste », dit-il en décrivant un environnement et ses plasticiens contemporains pour lesquels il a de l'amitié et du respect comme Adrien Nicodeme, Patrick Lingg, ou Ana-Lucia Montezuma.

Des portraits comme des marques de fabrique, mais qui ne devraient pas occulter le reste de sa production. Nono ne fait pas que tendre vers la réalité, il sait également se construire des univers emprunts de fantaisie et même d'heroïc fantasy, « j'aime le féerique » admet-il. Bien dans son époque, il s'adonne aussi aux arts urbains, si vous êtes déjà passé devant le bar du neuf-bourg le Joker alors qu'il est fermé, vous connaissez son volet décoré façon graff, sachez que Nono y a participé. 

Enfin il nous parle de ses projets : la publication d'un ouvrage sur ses travaux, produire à partir de textes de chansons de ses amis musiciens, et une exposition personnelle constituée de grands formats. A l'heure où nous publions cet article, Nono est sûrement en train de produire sur une thématique qui l'anime : les mains. Sujet d'étude ancestral et pourtant jamais éculé, cette partie du corps humain l'inspire autant que les visages, pour leurs jeux d'ombres, leurs lignes, et encore une fois le vécu qu'elles racontent. Il est son premier modèle d'étude pour la série qu'il prépare, en prenant en photo ses mains, pour ensuite saisir le pinceau du bout des doigts.

Se défendant de quelconques influences, Arnaud Houtekeete fait du Nono, où l'humain est au centre d'une fantaisie, et raconte ses propres histoires. En attendant de futures actualités, retrouvez ses toiles actuellement au bar l'Ipanema où son exposition est prolongée et sa production en ligne aux liens ci-dessous.

X.V.



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