Le monde dans l'objectif de Ana-Lucia Montezuma

02/05/2022

« Poetisa », c'est ainsi qu'on pourrait définir Ana-Lucia Montezuma dans sa langue maternelle. Car oui, c'est bien avec l'œil d'une poétesse que la photographe brésilienne scrute notre monde. Un sourire, un regard, une silhouette ou un reflet n'ont plus le même impact lorsqu'elle dirige son objectif dessus. C'est tout un univers qu'elle réinvente et embellit pour nous l'offrir à l'occasion d'une exposition à voir jusqu'au 21 mai chez OSCAAR à Marly. Plus que des clichés, chacun devient un proche dans ce bel album de famille qu'elle se construit à chaque clic.

C'est en 2015 que Ana-Lucia Montezuma a acheté son premier appareil photo professionnel, mais depuis tout petite elle baigne dans cet environnement propice à la recherche de l'image. Nous sommes dans le Brésil des années 60, dans une famille sensible aux arts, et la vie qui s'offre à elle est jonchée d'expériences qui vont forger sa perception. Une grand-mère maternelle styliste, une cousine écrivaine, sa mère sculptrice et peintre, même une grande-tante pionnière du genre photo en la personne de Gioconda Rizzo à la renommée mondiale, l'arbre généalogique de Ana-Lucia est riche de créatifs. Elle évoque les souvenirs de son grand-père : « lors de fêtes ou de mariages, il prenait des clichés des personnes présentes, et moi j'étais fascinée par leurs expressions », on retrouve dans ce témoignage ce qui deviendra sa marque de fabrique. A l'adolescence elle s'équipa de son premier appareil argentique pour aller capturer des paysages lors de ses voyages, des moments récréatifs qui allaient alimenter une passion naissante.


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De son Brésil natal où elle étudia la psychologie, Ana-Lucia voyagea énormément et continuera à s'alimenter des personnes. Elle passa par la Californie d'où elle repartira diplômée de l'UCLA en tant que sage-femme. Une constante chez elle, c'est la nature humaine qui entretiendra sa philanthropie. La France, avec sa culture et sa langue, était l'une des passions qui l'animait, grâce à Internet elle rencontra celui qui allait devenir son ami et son mentor en la personne de Jean-Marc Deltombe. Une correspondance avec le médecin valenciennois de métier et photographe de cœur allait s'installer, « c'est lui qui m'a conseillé dans l'achat de mon premier véritable appareil ». Leur première rencontre physique eut lieu à New-York en 2016, « je faisais beaucoup de photos de nature, Jean-Marc m'a dit allons nous promener », et c'est dans les rues de la grande pomme qu'elle sut écouter ses premiers conseils. Pour parfaire l'apprentissage de son art et de la langue de Molière, elle arrive à Lille en 2017 où elle étudiera à l'université pour ensuite s'installer à Valenciennes l'année suivante. Un parcours de vie et initiatique qui va révéler un don qui l'amène à exposer aujourd'hui.

Pour comprendre la démarche de Ana-Lucia Montezuma, il faut revenir quelques années en arrière, lorsque enfant elle consignait dans ses écrits sa vision de ce qui l'entourait. « Je me posais beaucoup de questions, sur moi-même et sur les autres ». Les années ont passé mais les interrogations restent les mêmes, ainsi à travers ses photos c'est un nouveau monde qu'elle tente de recréer comme pour échapper à celui qu'elle trouve trop dur et violent. Elle nous montre ses clichés et explique les détails qui l'ont poussé à les prendre : un sourire ou un regard, un geste ou une posture, elle veut témoigner d'une beauté comme elle la vit. « Je ne me considère pas artiste ni photographe, je raconte des histoires. Des histoires avec des gens, car je les aime, je suis une humaniste ». Quand elle prend son appareil et qu'elle part dans les rues de Valenciennes, Lille ou Paris, c'est un safari photo poétique qu'elle pratique. C'est en toute honnêteté qu'elle confie : « je réinvente la réalité, je ne suis pas de ce monde », avec cette parole la petite fille qui s'évadait dans ses écrits refait surface.

Chez Ana-Lucia il y a deux constantes que nous évoquions plus haut : les paysages et les personnes. Sa patte serait donc de les associer, et comme dans une toile c'est la rencontre du modèle et de son environnement qui forme le tout. Chez elle, un reflet dans une vitre serait l'expression d'une nouvelle dimension qui se dessine, ou un murmure soufflé à une oreille raconterait une histoire à la vue de tous. « C'est Jean-Marc qui m'a appris la composition, comme celle des tableaux ». Même si elle remercie son ami, il n'a fait que rapprocher ce qui était évident. Car quand elle parle de ses photos, elle sait expliquer en quoi elles sont importantes, pleines de vies et pétillants, tels son sourire et son regard.

Difficile à croire, mais l'exposition intitulée Passagers du présent qu'elle partage avec Louis Waterlot n'est que sa deuxième, la première étant celle qui fut présentée au Café @ work de Valenciennes en mars 2020. Ainsi rendez-vous chez OSCAAR, tiers-lieu de la FLAC à Marly, pour retrouver une quinzaine de photos visibles jusqu'au 21 mai.

X.V.


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