Pour saisir la pluralité derrière la
démarche, intéressons-nous au nom du groupe : Luna Lost. Au
premier abord, un assemblage bâtard entre deux langues, l'une latine
et l'autre anglaise, mais la vérité est bien plus sourcée :
« ça fait référence au film Lost Highway de David Lynch »,
explique Anne, « où on y voit le bar Luna Lounge ». Ce
clin d'œil au réalisateur américain serait une bonne piste pour
comprendre la sonorité du groupe : il y a un certain goût pour
un esthétisme poussé couplé à une envie de brouiller les pistes.
Le premier single du nouveau EP s'affirme en bon exemple de ce qui
est avancé, « The Man with the Wooden Leg » ouvre un
champ de possibles, où la musique se mettrait au service d'un autre
art, en l'occurrence la poésie de la néo-zélandaise Katherine
Mansfield : « un texte sur l'empathie, qui parle de
l'absurdité de la guerre ». Une démarche qui vient prolonger
le travail scénique du duo qui s'exprime avec 2L ou dans des projets
plus personnels au croisement des pratiques, de l'envie de danser
avec « My life is a jukebox » au métissage des
patrimoines de Lobsang Chonzor.