Sur scène et sur les routes, le Next Festival invite au voyage. Dès ce 6 novembre et jusqu'au 30 vous irez à la rencontre de la création contemporaine, de Ypres à Roubaix, en passant par Amiens et Courtrai, ou même de Waregem à Lille. Des trajets et des navettes entre les villes et structures partenaires de l'événement, et...
La photographie selon Claude Mascret
Comme chaque année, le 19 août est la journée mondiale de la photographie. A cette occasion, Valexplorer a décidé de mettre à l'honneur l'un de nos talents locaux en la personne de Claude Mascret. Le fresnois s'est bâti une solide réputation avec ses portraits qui subliment l'individu. Lui qui est porté par de fortes valeurs humanistes, c'est avec son appareil qu'il exprime sa passion pour l'autre. Il arpente les rues de sa commune, ne manque pas une manifestation, pour aller à la recherche de l'instant et de la personne. Notre objectif aujourd'hui est de développer son talent, au delà des clichés.
A écouter Claude Mascret, son rapport à la photographie serait l'expression d'un chemin de vie. D'une honnêteté implacable, il se révèle sans concession comme un cliché qui apparaîtrait dans la lumière d'une chambre noire, laissant apparaître chaque détail en ne gommant rien. De son premier appareil argentique Zenit acheté à l'occasion d'un voyage en Union Soviétique dans les années 70, jusque ses blessures de vie telles une addiction qu'il a dû combattre, il égrène son parcours, de coups de tête en coups de cœur. Il y a eu des blessures, de la maladie, du travail et de l'épuisement avant que nous le rencontrions pour lui consacrer ce portait. Un chemin de vie donc, curriculum vitae dirait-on en latin, pour arriver à la définition du bonheur, « l'étymologie c'est la bonne heure, le bon moment », nous rappelle-t-il dans un trait d'union à l'art photographique.
Ceux qui connaissent Claude savent qu'il est investi politiquement, le cœur à gauche il s'amuse de la devise « l'humain d'abord » : « je n'ai pas attendu ce slogan pour être près des gens ». Quand il a repris son appareil il y a quelques années, c'était suite aux conseils de ses proches. Sa mémoire s'était retrouvée altérée comme usée, il est donc parti retrouver ces visages qui ne lui parlaient plus pour les capter sur l'instant. Outre le côté thérapeutique de cette méthode, c'est son talent qui s'est révélé, et surtout il a très vite compris qu'il ne faisait plus cela pour lui-même, mais également pour sublimer les individus. « Fabien Roussel m'a intrigué lors d'un discours quand il a dit que les gens étaient beaux. Ça m'a travaillé, et avec du recul j'ai compris le sens de sa phrase ». C'est un fait, Claude sait tirer le meilleur de chacun, quand on le voit arriver avec son appareil les sourires éclairent les visages, mieux que n'importe quel flash. « Les gens ne me disent pas non, et à tout âge, pour preuve aucun parent ne m'a fait de remarque quand je photographie leur enfant ».
A Fresnes sur Escaut, vous le trouverez régulièrement dans les rues de la ville, au quotidien ou lors des nombreuses manifestations, comme dernièrement à l'occasion du carnaval du 15 août. C'est qu'il a une profonde affection pour cette ville, quand il a dû quitter son précédent domicile, il s'est imposé une condition à la recherche du nouveau : « c'est à proximité du centre-ville sinon rien ». On le voit également lors d'événements populaires comme le Hainaut Belles Bretelles, car sa spécificité est d'aller extraire la personne qui compose la foule. Philanthrope, « personne qui aime l'humanité » selon le Petit Robert, une définition qui lui colle à la peau. Nous avons tenté l'expérience de faire quelques pas avec lui de sa maison jusque la place de Fresnes, de nombreuses pauses furent nécessaires pour effectuer ces quelques mètres, Claude a cette capacité d'être accosté sans cesse. « Tu as la photo avec mon père ? » demande l'un, « quand vas-tu publier les clichés du carnaval ? » interroge l'autre. En mettant les gens en lumière à travers son objectif, Claude est devenu malgré lui une personnalité publique.
A l'heure du numérique, où chacun est équipé d'un appareil dans sa poche, Claude Mascret garde un attachement à la photo développée. Pour lui l'objet importe autant que le souvenir qu'il fige, il s'offre et s'expose, « bien mieux qu'un fichier perdu parmi tant d'autres sur un cloud ». Il cite Aragon et son rapport au roman pour illustrer son propos sur la différence entre réel et virtuel. La mémoire, voilà ce qu'il l'anime, il n'est pas partisan du « c'était mieux avant », pour lui chaque moment est à chérir au quotidien, et son travail en est le témoignage. Ainsi si d'avenir vous êtes amener à le croiser, appliquez ce mot d'ordre de la bonne photo : souriez !
X.V.
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