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Éclairage sur les Solels de Trovic, le documentaire par Francine Auger-Rey
Les Solels de Trovic n'est pas qu'un film qui présente le parcours et l'influence de l'artiste né à Anzin. Il est aussi l'expression d'une vision de sa réalisatrice, Francine Auger-Rey, amoureuse d'un territoire et de ses figures, et qui tente à travers son travail de tendre vers une réalité, sans tomber dans l'angélisme. En effet, on a étiqueté Trovic de représentant de l'art naïf, certains ont même justifié son succès à travers sa condition sociale et médicale. Mais pour la journaliste, il est avant tout un contemporain qui aurait traversé son existence avec un optimisme contagieux. Une réalisation qui fait la somme d'une rencontre entre deux créatifs, et où l'honnêteté prime.

Il y avait Trovic, l'artiste aux soleils comme signature, qui de sa cité d'Anzin a su se révéler à travers un art basé sur la broderie, avec une préférence pour les grands formats où on viendrait se perdre. Et il y avait Jacques, héritier d'une culture populaire d'un territoire, qu'on appelait par son prénom car il incarnait le familier, avec lui on comprenait ce désir de s'élever comme de façon innée.
Ce profil a évidemment intéressé Francine Auger-Rey, qui de son parcours de critique d'art à journaliste, a toujours voulu rendre aux habitants du nord de la France une fierté qu'on leur dénigrait. « Un travail de mémoire » disait-elle au Monde dans un article d'août 2006 concernant son travail de « patrimoine sonore d'un territoire » pour Canal Sambre où elle était à la direction. Deux êtres pour autant de trajectoires qui ne pouvaient que se rencontrer, ce fut le cas à deux reprises aux ateliers d'arts de la Pommeraie en Belgique, une troisième était programmée mais la faucheuse est venue mettre un terme à ce calendrier en octobre 2018.
« Ne plus le catégoriser pour aller vers la condition humaine »
Francine Auger-Rey avait en sa possession une base d'échanges avec l'artiste, un véritable dialogue s'était instauré entre eux, et ce n'est pas la mort qui aurait le dernier mot. La réalisatrice a voulu continuer à consacrer son travail sur Jacques Trovic, pour ce faire elle est allée à la rencontre de ceux qui l'ont connu, et surtout apprécié.
« Il était très aimé de sa famille et ses amis, et il y a les collectionneurs qui lui donnaient de la dignité », l'angle de Francine Auger-Rey était bien là, l'art naïf est un terme comme un autre mais mal utilisé il devient réducteur, « ne plus le catégoriser pour aller vers la condition humaine ». Pour l'avoir côtoyé dans ses derniers jours, c'est toute une vie que la réalisatrice a voulu remonter, Trovic tissait et Francine a suivi le fil. Le sous-titre du film résume cette vision, « Une Odyssée cousue main », car « c'est une vie comme une traversée d'épreuves ».
Précoce, autodidacte qui s'est révélé lors d'études et de prix, aux influences riches comme la mythologie ou les scènes de liesse, voilà comment était décrit l'artiste. Pour l'homme, on lui prêtait une condition humble, qu'on disait simple mais de façon presque péjorative, et c'est cet angle que Francine Auger-Rey a voulu déconstruire : « j'entendais des choses qui amoindrissaient sa mémoire, et je ne voulais pas qu'elle soit vitrifiée ».
Trovic et le Hainaut, deux éléments indissociables, « il a partagé le destin de son territoire, avec mille raisons d'exister », dit la réalisatrice en défendant son point de vue, « ne pas laisser écraser les gens de notre région, ils étaient des Titans, et on a voulu en faire des déchets ».

Si le titre du documentaire joue de la syntaxe en écrivant « Solels », c'est un hommage à la diction de l'artiste, et une volonté de ne pas la prendre de haut. « Je ne voulais pas d'une image réductrice, et je pense y être arrivée ». Au final le film est un condensé d'émotions, brutes et quasiment incontrôlables, « à la fin des projections certains ont des larmes et ne savent pas se l'expliquer. Pourquoi ? Je n'en sais rien, ils sont juste touchés par la délicatesse des intervenants ».
En 1h30 on y retrouve évidemment l'artiste, mais surtout l'homme, « lors de notre première rencontre j'avoue ne pas connaître son œuvre, c'est sur sa personnalité que tout s'est fait ». D'une certaine image de la marginalité, à un art à la fois populaire et salué par la critique, Francine Auger-Rey a travaillé sur le spectre d'une existence, en gardant comme objectif la sincérité en « refusant l'enfermement de l'artiste ».
Les Solels de Trovic a été récompensé au MIFAC d'Angoulême en recevant le prix spécial du jury, et il est diffusé dans une tournée qui passe par la MJC de St Saulve le 16 avril en partenariat avec le Printemps Culturel.
X.V.
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